Etanchéité aux passages des axes |
La plupart des motos des années 50 ne possèdent pas de joint d'étanchéité au passage des axes à travers les carters. Il y a bien des joints à lèvres (spy) pour le vilebrequin, mais pour les axes de kick, de sélecteur de vitesse ou d'embrayage, il n'y a rien. L'axe tourne directement dans l'alu du bloc ou dans une bague en bronze rapportée, avec un jeu très inférieur au 1/10 (en l'absence d'usure). Inévitablement, l'huile finit par suinter. Pour éviter ça, installer un joint torique est à la fois facile et efficace. Voici donc un petit guide à l'usage de l'amateur sans moyens sophistiqués pour déterminer quel joint choisir et comment l'adapter.
Première étape, le choix du joint :
Matière : il existe une multitude de matières pour les joints
toriques. Certains résistent bien aux huiles et essences, d'autres non. Le
nitrile tient bien, le Viton encore mieux. Il existe dans le commerce des
boîtes de joints en dimensions diverses, destinés à la plomberie. Comme on
sait rarement en quoi ils sont faits, un test de résistance chimique est
souhaitable. Il consiste à laisser tremper un joint dans de l'huile moteur
pendant 48 heures, de préférence à chaud (80° maxi). Après le test,
comparer le joint avec un joint identique, neuf. Le joint testé ne doit pas
avoir gonflé, rétréci, ni ramolli exagérément. Tous les joints à
application automobile devraient convenir.
Dureté : 70 à 80 shore A. Ce paramètre est rarement connu.
On prendra un peu ce qu'on trouvera, pas trop dur, pas trop mou…
Deuxième étape : mesure des
diamètres d'axe et d'alésage
Mesurer axe et alésage au pied à coulisse. Prendre les cotes dans la zone où
se trouvera le joint. On peut maintenant choisir le joint à utiliser :
Diamètre : un joint torique se définit par ses trois
diamètres : tore Dt, extérieur De, intérieur Di. Mais il suffit d'en
connaître deux pour calculer simplement le troisième. Il faut donc chercher un
joint dont le diamètre extérieur est inférieur ou égal au diamètre de
l'alésage.
Troisième étape : calcul de la gorge
à tailler dans l'axe :
Le joint se monte dans une gorge de l'axe, qu'il faut faire tailler par un
tourneur. Le calcul des dimensions de la gorge, profondeur et largeur, se fait
en tenant compte des règles suivantes :
A partir des données ci-dessus, le calcul de la gorge est assez facile. Prenons un exemple :
Données (exemple) :
Résultats :
Pg : Profondeur de la gorge : diamètre du tore moins 17%, ou diamètre du tore x 0,83. Ici : 0,83 x 2 = 1,66 mm.
D'où diamètre de fond de gorge : Dfg = 15,96 - (2 x 1,66) = 12,64 mm
Périmètre du fond de gorge : Pi x D = 3,1416 x 12,64 = 39,71 mm
Allongement du joint sur son diamètre intérieur : 39,71 - 37,7 = 2,01 mm, ou en pourcentage : 2,01 / 37,7 = 5,33 %. Très bien, puisque compris entre 3% et 10%.
Lg : Largeur de la gorge : largeur de la gorge = diamètre du joint libre plus 17%. D'où la largeur : largeur = 2,0 x 1,17 = 2,34 mm, arrondie à 2,5 mm. Ce que le joint perd en "diamètre" radial quand il est comprimé se retrouve dans son "diamètre" axial. Donc une gorge de 2,5 de large permettra bien de recevoir le joint comprimé.
Pas d'angle vif au bord de la gorge. Moucher l'angle à R1 = 0,1 à 0,15.
Pas d'angle vif au fond la gorge. Rayonner à R2 = 0,2 x Dt = 0,2 x 2 = 0,4 mmRésumé
- De inférieur ou égal à Dal
- Pg = 0,83 x Dt
- Dfg = Daxe - 2 x Dt
- Lg = 1,17 x Dt ; arrondir un peu plus haut.
- R1 = 0,1 à 0,15
- R2 = 0,2 x Dt
Précautions
Créer une gorge sur un axe l'affaiblit. Cela l'affaiblit même beaucoup, puisque la contrainte dans le métal dépend du cube du diamètre. Et la présence même d'un changement brusque de diamètre introduit des concentrations de contraintes qui aggravent encore les choses. Par conséquent, il faut être très prudent avec les axes qui subissent des efforts élevés ou des chocs, l'axe de kick par exemple.
Merci au bureau d'études de la société Eaton à Monaco pour ces informations.
16 février 2002