Les purgeurs |
Sur certaines culasses de vieux moteurs, on voit un petit robinet en laiton surmonté d'un entonnoir. Ce système, appelé purgeur, est l'ancêtre de l'enrichisseur de départ (starter en "français", choke en anglais). Il servait juste avant le démarrage ou bien avant de ranger la moto pour une certaine période.
Lorsqu'on introduit des vapeurs ou des gouttelettes d'essence dans un tuyau froid, celles-ci se condensent ou se déposent sur le dit tuyau. On a alors beaucoup de mal à retrouver au bout du tuyau ce qu'on avait injecté à l'entrée. Dans un moteur, c'est ce qui se passe : les vapeurs d'essence issues du carburateur se condensent sur la tubulure d'admission et les parois du cylindre, et le mélange devient très pauvre. Si pauvre qu'on ne peut pas démarrer. On évite ce problème en enrichissant considérablement le mélange air-essence pendant un certain temps. Sur les carburateurs modernes, on fait ça avec le starter. Et avec l'injection, on ne fait plus rien, l'électronique se chargeant de tout.
Pour enrichir le mélange détonnant, on utilisait au début un purgeur : on versait un peu d'essence dans le petit entonnoir, le robinet étant ouvert, et cette essence pénétrait dans le cylindre. On refermait ensuite le robinet, et on tentait de démarrer. On y parvenait souvent. Ceux qui ont essayé disent que sans l'opération précédente, le démarrage était pratiquement impossible. Quand le cylindre et les tubulures d'admission étaient chauds, la condensation disparaissait et le carburant pouvait être utilisé à richesse normale.
Sur les bicylindres Ultima, il y a eu au début un purgeur par culasse. Puis on s'est avisé qu'un seul suffisait, puisque le premier cylindre qui démarre entraîne l'autre. On a donc fait une économie en n'en conservant qu'un seul.
Le purgeur sur un moteur de type A. | Deux purgeurs pour deux cylindres sur cette C2 de 1928. |
Une autre utilisation des purgeurs est celle du stockage
prolongé. Lorsqu'on laisse un moteur longtemps à l'arrêt, le mélange
essence+huile réagit en formant des composés bizarres, des goudrons, qui
collent les segments dans leur gorge. C'est le gommage
des segments. Il peut se faire, si le stockage a été assez long, qu'on ne
puisse plus retirer les segments tant ils sont soudés. Je l'ai personnellement
vu sur un Vélosolex qui avait fait vingt ans de cave : aucune mesure
mécanique, chimique, thermique n'a pu faire sortir les segments de leur gorge.
Il a fallu passer le piston au tour avec un outil à la forme des gorges et
détruire les segments !
Pour éviter le gommage, on versait donc un peu de pétrole dans l'entonnoir
après l'arrêt. C'était supposé fonctionner...
Le cylindre avant d'une Douglas 600 bicylindre de 1918. |
Un purgeur par cylindre sur cette FN 500 quatre cylindres en ligne de 1914. |
Un purgeur sur cette Moto-Rêve bicylindre en V. |
16 février 2002